Longtemps restée associée au domaine de la science-fiction, la voiture autonome est devenue une réalité. Une nouvelle façon de se déplacer qui soulève de nombreux questionnements et enjeux que le think tank UNIR étudie, comme nous l’explique sa Déléguée générale, Anne Lavaud.
Créé en 2017 par l’association Prévention Routière, le think tank UNIR (Une Nouvelle Idée de la Route) contribue à la réflexion liée au véhicule autonome. « Nous nous sommes rendus compte qu’à ce moment-là, le sujet était préempté par les constructeurs automobiles », explique Anne Lavaud, Déléguée générale de l’association. « Nous avons pris le parti d’étudier cette thématique sous l’angle des sciences humaines et sociales afin d’alimenter le débat et de produire de la connaissance sur le sujet ». Objectif : analyser cette question d’un point de vue plus humain que technique, pour connaître la perception qu’en avait le grand public et l’acceptabilité de cette nouvelle mobilité.
Faire tomber les idées reçues
« Ce qui nous a poussés à créer le think tank UNIR a été le mythe selon lequel, demain, l’automobiliste serait uniquement passager passif de son véhicule autonome, un peu comme dans K 2000 ou la Choupette de Walt Disney ». Ce qui tendrait à déresponsabiliser le conducteur alors que la question du véhicule autonome regroupe des enjeux liés à l’humain. On retrouve ainsi de nombreuses thématiques d’ordre philosophique, économique et même sémantique auxquelles UNIR souhaite apporter un éclairage. « Nous sommes allés à la rencontre de partenaires, principalement des assureurs ou des acteurs du secteur automobile comme CARGLASS®. Très sensible à la prévention routière et aux enjeux de mobilité, l’entreprise est à nos côtés depuis le début de l’aventure et nous en sommes très fiers ».
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Une animation par semestre
Concrètement, UNIR fonctionne sur le principe de « saisons » qui durent 6 mois chacune, au cours desquelles le think tank s’emploie à organiser des événements pour nourrir la réflexion autour du véhicule autonome. Au cours de la première saison, une analyse sémiotique a été réalisée, en partenariat avec BVA (société de conseil en sciences comportementales), des messages postés sur les réseaux sociaux. L’objectif : analyser quels étaient les champs lexicaux, les thèmes, et les sujets que les internautes associaient au véhicule autonome. Ainsi, contrairement au reste du monde où la sémantique employée forgeait un imaginaire guidé par le plaisir et l’insouciance, en France, le sujet avait tendance à susciter le questionnement et à faire peur autour de mots comme ‘accident’ ou ‘sécurité’. Une première étape très enrichissante qui a servi de base.
Cette première étude s’est également accompagnée d’un sondage qui a permis d’en savoir plus sur l’image que se faisaient les Français du véhicule autonome. Pour 38 %, cela représentait une perte de plaisir de conduite et pour 35 % un mode de transport peu rassurant. Parallèlement, 34 % estimaient que cela constituait un nouveau mode de transport très pratique et un moyen de diminuer le nombre d’accidents pour 1 interrogé sur 3. Dès l’année suivante, les mentalités évoluent et on voit ainsi émerger des mots liés aux technologies. « En 2020, le mot qui revient le plus est Intelligence Artificielle, preuve que la perception du véhicule autonome est en constante mutation ».
Un changement de vision
UNIR poursuit chaque année cette analyse afin d’étudier comment évolue la perception des Français. « En 4 ans, on est passé d’une vision fantasmée, inspirée de la science-fiction, à une vision plus pragmatique ». Autre changement : on avait tendance à penser que le véhicule autonome était réservé à un usage individuel. « Or la population y voit maintenant aussi une opportunité pour les transports en commun, le transport de marchandises ou une solution pour le e-commerce. C’est cette dernière thématique qui guidera notre cycle d’étude de janvier à juin 2021 ». Sessions de formations, expositions « artistes et robots », études sur le budget des Français, conférences, hackhatons sur la signalisation : les saisons d’UNIR se succèdent et rencontrent à chaque fois un franc succès. « Toutes ces animations visent à avoir une vision plus claire de ce qu’impliquera le véhicule autonome pour la société de demain ».
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